30.

« J’aimerais que vous déjeuniez avec moi, monsieur Carroll, l’avait avisé Caitlin Dillon au téléphone. Est-ce que midi et quart aujourd’hui vous irait ? C’est important. »

Son appel avait pris Carroll au dépourvu. Quand on le lui avait transmis, il était plongé dans ses vieux dossiers, passant au crible les organisations terroristes, à la recherche d’une piste qui le mènerait à Green Band.

« Je veux vous présenter quelqu’un, avait ajouté la directrice des services d’inspection de la SEC.

— Qui ça ?

— Un homme du nom de Freddie Hotchkiss. Il a un certain poids à Wall Street. »

Elle avait une voix agréable au téléphone. De la musique dans un monde discordant, avait pensé Carroll. Il avait posé les pieds sur son bureau et la tête contre le mur. Fermant les yeux, il s’était efforcé de se rappeler le visage de la jeune femme. Intouchable, se rappela-t-il.

« Freddie Hotchkiss est en relation avec un dénommé Michel Chevron, avait poursuivi Caitlin Dillon.

— Ce nom me dit quelque chose, avait répondu Carroll, tentant de le resituer.

— D’après ce que je sais, Chevron magouille sur le marché des titres volés et, selon certaines rumeurs – et c’est cela qui devrait incontestablement vous intéresser, monsieur Carroll –, il existerait un lien entre lui et François Monserrat. »

Carroll desserra le nœud de sa cravate rouge et bleu avant de déguster la première gorgée de sa pale-ale John Smith. Il trouvait les cravates inconfortables à porter et c’était l’une des raisons pour lesquelles il en mettait si rarement. À vrai dire, il les jugeait même parfaitement inutiles, à moins d’être pris d’une envie irrépressible de se pendre ou, en l’occurrence, d’avoir à entrer dans un grill-room new-yorkais pratiquant des prix exorbitants.

Ici, chez Christ Celia, sur la 46e Rue Est, veste et cravate étaient obligatoires. En dehors de cela, il s’y sentait plutôt bien. En réalité, il lui plaisait surtout d’y déjeuner en compagnie de Caitlin Dillon.

Chez Christ Cella, les steaks – de premier choix – pesaient quatre cent cinquante grammes minimum. Quant aux homards, ceux qui faisaient moins d’un kilo ne franchissaient pas la porte. Impeccables et dociles, les serveurs faisaient preuve d’un flegme à toute épreuve. Pour le moment, Carroll prenait du bon temps. L’affaire Green Band lui était carrément sortie de l’esprit.

— L’une des premières choses que j’ai apprises à New York, c’est que, pour survivre à Wall Street, il est indispensable de fréquenter assidûment les grill-rooms, lança Caitlin en souriant de l’autre côté de la table couverte d’une nappe en lin blanc.

Elle avait déjà raconté à Carroll qu’elle était originaire de la ville de Lima dans l’Ohio et, en l’écoutant parler de la vie à New York, il en arrivait presque à la croire.

— Même pour survivre à la SEC, il faut connaître les conventions. Surtout quand on est une « petite jeune », ainsi que le P. D-G. d’une maison de courtage m’a appelée un jour : « Je vous présente la nouvelle petite jeune de la SEC. »

Carroll pouffa. Ils se sourirent.

Carroll et Caitlin attendaient l’arrivée de Duncan « Freddie » Hotchkiss, qui était juste ce qu’il faut en retard, bien que Caitlin l’eût expressément prié d’être à l’heure.

Un cocktail de crevettes fut déposé devant Carroll. Les crustacés, dont le prix aurait pu faire penser qu’ils arrivaient tout droit de la planète Mars, étaient excellents.

Curieux de connaître le point de vue de quelqu’un bénéficiant d’une position aussi avantageuse à la SEC, Carroll posa à Caitlin des questions sur Wall Street. Elle lui relata quelques-unes de ses anecdotes préférées sur le quartier financier – de véritables horreurs.

— Il n’a jamais été plus facile de détourner des fonds à Wall Street, expliqua-t-elle, les yeux pétillants. L’un des économistes que nous avons poursuivis en justice travaillait à la Banque centrale de New York. À vingt-sept ans, il en est parti et s’est acheté une résidence secondaire dans les Hamptons, avant de se payer une nouvelle Mercedes décapotable et une Porsche, puis il a offert un manteau en zibeline à sa petite maman… Il disait avoir lâché son job pour un autre, bien mieux payé. En fait, il avait emporté les codes d’accès confidentiels, qui lui ont permis d’en savoir suffisamment pour vendre ou acheter sur les marchés boursiers et de crédit. C’est une source de renseignements très, très rentable. Il avait accès au nec plus ultra en matière de tuyaux sur les spéculations pour initiés… Vous savez comment le pot aux roses a été découvert ? Sa mère a appelé la SEC. Elle s’inquiétait parce qu’il dépensait des sommes astronomiques et qu’elle ne le voyait pas travailler. Sa mère a vendu la mèche parce qu’il lui avait offert un manteau de fourrure !

« Il y a eu aussi cette boîte, OPM Financial Services – OPM pour « other people’s money » l’argent des autres », si, si, je vous jure que c’est vrai. Michael Weiss et Anthony Caputo ont ouvert cette société au-dessus d’une confiserie dans les années soixante-dix. Au cours de leur joyeuse carrière, Michael et Anthony sont parvenus à escroquer Manufacturers Hanover Leasing, la Crocker National Bank et Lehman Brothers, à hauteur de cent quatre-vingts millions. Alors, s’il vous arrive un jour de perdre un peu d’argent à la Bourse, relativisez.

— J’ai beaucoup de chance sur ce plan : je n’ai pas d’argent à perdre. Mais comment de telles choses peuvent-elles se produire ?

— Franchement, ce n’est pas bien sorcier. Comme je vous l’ai dit tout à l’heure, ces histoires sortent rarement de Wall Street…

— Je suis d’autant plus honoré que vous me fassiez l’honneur de me les raconter.

— Vous pouvez l’être… Les banques, les maisons de courtage, les banquiers d’affaires et même les boîtes d’informatique savent que leur succès repose sur la confiance. S’ils engageaient des poursuites contre tous les fraudeurs, s’ils admettaient à quel point il est aisé de détourner des fonds à Wall Street, s’ils dévoilaient le nombre de titres qui sont en fait volés chaque année, ils feraient tous faillite. Wall Street a tout bonnement plus peur de voir son image de marque ternie que…

Caitlin Dillon se tut soudain.

— Veuillez me pardonner, Caitlin. Je suis sincèrement navré.

Freddie Hotchkiss était enfin arrivé. Il était treize heures. Il avait quarante-cinq minutes de retard.

Carroll leva la tête et vit un homme blond aux cheveux clairsemés qui affichait un sourire extraordinairement niais. Il avait des yeux bleus tellement pâles qu’ils semblaient dépourvus de couleur et un visage rond et inexpressif.

Caitlin avait expliqué à Carroll que Hotchkiss était en train de devenir un mythe. C’était un conseiller très demandé, qui représentait fréquemment sa société sur la côte Ouest et jusqu’en Europe – où il se livrait à des transactions considérables avec les banquiers du Vieux Monde.

— Vraiment désolé pour ce retard. (Hotchkiss semblait tout sauf désolé.) J’ai complètement oublié l’heure. Je campe dans notre pied-à-terre[13] de Park Avenue depuis les événements de vendredi. Kim et les enfants sont à Boca Raton, dans la propriété de sa mère et de son père. Ah, ça c’est du timing, monsieur !

Ayant remarqué l’arrivée de Hotchkiss, un serveur s’était précipité à la table pour prendre sa commande d’apéritif. Carroll dévisageait Hotchkiss. C’était le genre de personne avec qui il ne se sentait pas à l’aise et qu’il n’aimait pas particulièrement. Le pauvre « campait » sur Park Avenue !

— Je voudrais un kir. L’un de vous deux désire autre chose ? s’enquit Hotchkiss.

— Je vais prendre une autre John Smith, fit Carroll.

Il était décidé à se montrer raisonnable : pas d’alcool fort, pas davantage de whisky sec. Il allait essayer aussi de ne pas se montrer impulsif avec Freddie Hotchkiss, de ne pas avoir de paroles susceptibles de gâcher ce moment.

— Non, merci, rien pour moi, fit Caitlin. Freddie, voici Arch Carroll. M. Carroll est le chef de la division antiterroriste américaine. C’est un département de la DIA.

Hotchkiss gratifia Carroll d’un sourire radieux.

— Oh oui ! J’ai lu quelque chose sur vous, les membres des forces de police spéciales. Plus vite quelqu’un parviendra à mettre un peu d’ordre dans cette malheureuse affaire, mieux ce sera. J’ai entendu hier, à moins que je ne l’aie lu quelque part, qu’un commando de tueurs libyens vit ici, à New York. Quelque part dans Manhattan…

— Laissons tomber les Libyens, vous voulez bien ? fit Carroll.

Il se pencha en avant et planta doucement son index dans la chemise bleu pâle de Freddie, ce qui provoqua comme une altération sismique sur le visage joufflu de celui-ci.

— J’aimerais qu’on arrête le bavardage, d’accord ? Vous avez une heure de retard et nous sommes pressés. En tant qu’individu, vous ne m’intéressez pas le moins du monde, Freddie, vous savez ça ? Je crois même que vous me déplaisez, mais cela n’a aucune importance. La seule chose qui importe et qui m’intéresse, c’est un dénommé Michel Chevron…

— Ce gars-là n’aime pas échanger des banalités, Freddie, lui signala Caitlin en souriant avant de boire une gorgée de son apéritif.

Freddie Hotchkiss semblait avoir arrêté de respirer. Il baissa les yeux sur le doigt de Carroll enfoncé dans son plexus.

— Je ne sais pas ce… Je ne suis pas certain de comprendre. C’est-à-dire que j’ai entendu parler de Michel Chevron, comme tout le monde, évidemment…

— Évidemment, appuya Carroll en se rasseyant confortablement.

— Un Français, grand, l’air sévère, intervint Caitlin. De luxueux bureaux de style Louis XIV rue du Faubourg-Saint-Honoré, à Paris. Une maison très cossue au cœur de Beverly Hills. (Elle ouvrit un cahier relié en cuir posé sur la table.) Voyons si je peux vous rafraîchir la mémoire… Hum… Ah ! oui… Le 19 février de l’année dernière, vous êtes allé dans les bureaux de Michel Chevron, à Beverly Hills. Vous y avez passé environ deux heures. Vous êtes d’ailleurs retourné lui rendre visite à Los Angeles le 3 mars. Ainsi que le 9 juillet, le 11 juillet et le 12 juillet. En octobre, vous vous êtes rendu dans ses bureaux parisiens. Ce soir-là vous avez dîné avec Chevron chez Lasserre. Vous vous en souvenez ? Vous commencez à le remettre ?

Freddie Hotchkiss semblait maintenant chercher de l’air, à la manière d’un poisson sur la rive.

— Nous savons depuis plus de deux ans que Chevron est le plus grand trafiquant de titres et d’obligations volés en Europe et au Moyen-Orient, poursuivit Caitlin. Nous savons en outre que c’est un ami personnel de François Monserrat. D’autre part, nous sommes également très bien informés sur vos propres compétences en matière de transactions de valeurs. À présent, nous avons besoin de savoir exactement avec qui d’autre traite Chevron et de nous faire une idée approximative de la nature de ce trafic, une impression générale du marché clandestin entre l’Europe et l’Asie. C’est la raison pour laquelle j’ai pensé que nous devrions déjeuner tous les trois ensemble…

Elle sourit.

Freddie Hotchkiss trouva alors la force de froncer les sourcils d’un air qui se voulait narquois. Tâchant de reprendre le dessus, il rétorqua d’un ton brusque :

— Rien que ça ! Vous ne vous attendez quand même pas à ce que j’évoque avec vous ici, dans ce restaurant, des transactions commerciales confidentielles et parfaitement légales ? Si vous croyez cela, je vous conseille de sortir de votre chapeau toutes vos assignations à comparaître et vos meilleurs avocats. Je peux vous assurer que cela ne se fera pas dans le cadre d’un déjeuner… Bon après-midi, Caitlin, et à vous aussi, monsieur… euh, Carroll.

— Ne bougez pas, fit celui-ci. Reposez votre petit cul mou sur cette chaise. Et tâchez de vous détendre. D’accord ?

Hotchkiss était tellement stupéfait qu’il s’exécuta.

D’une voix douce, que Carroll trouva assez sexy, Caitlin Dillon reprit sa lecture à voix haute :

— Le 21 février, vous avez déposé cent vingt-six mille dollars à Genève, en Suisse. Le 26 février, autre dépôt de cent quatorze mille dollars. Le 17 avril, vous avez déposé… c’est possible, une telle somme ?… quatre cent soixante-deux mille dollars ? Le 24 avril, encore trente et un mille. Une mauvaise journée, ce coup-là…

— Ce que Caitlin cherche poliment à vous signifier, Freddie, c’est que vous êtes un escroc de seconde zone ! lâcha Carroll avant de se redresser sur sa chaise et de sourire à Hotchkiss, qui se tenait à présent assis, aussi expressif qu’une marionnette de ventriloque abandonnée.

Le policier éleva la voix, qui couvrit le brouhaha habituel du restaurant :

— Pauvres Kim et les gosses, qui passent l’hiver au soleil à Bocs Raton. Je parie qu’ils ne se doutent de rien. Et les copains du club de tennis. Et les gars du yacht club. Ils ne savent rien, eux non plus… Vous devriez être en prison. Vous ne devriez pas avoir le droit de manger ici. Vous n’êtes qu’une merde.

Quelques clients de cet établissement huppé du centre-ville posèrent leurs couverts dans leurs assiettes. Dans un mouvement qui n’était pas sans rappeler une transe hypnotique collective, ils se mirent à regarder fixement de l’autre côté de la salle de restaurant.

Carroll finit par baisser la voix. Il désigna une table d’angle à laquelle deux hommes en costume gris terne étaient assis.

— Les deux types, là ? Vous les voyez ? Ils n’ont même pas les moyens de s’offrir les amuse-gueules qui sont servis ici. Regardez, ils se partagent un soda à trois dollars. Ce sont des gars du FBI et ils sont là pour vous… Alors, soit ils vont procéder à votre arrestation, ici et maintenant… soit, Freddie, vous allez nous parler longuement et de manière convaincante de Michel Chevron. Cela dépend entièrement de vous. Et, oui, cela se passera ici même, dans ce restaurant. Si vous choisissez la seconde option, vous vous en tirerez à bon compte et vous pourrez rentrer tranquillement chez vous, dans votre pied-à-terre de Park Avenue. Dans ce cas, on reste potes et tout baigne. (Carroll serra le poing de manière théâtrale.) On est comme ça, nous autres les poulets. Petits salaires mais gros cœurs.

Freddie Hotchkiss s’avachit pratiquement sur la table. Il eut un court moment d’hésitation puis commença à raconter une autre des ces révoltantes histoires de Wall Street.

Le personnage principal en était monsieur[14] Michel Chevron. C’était l’histoire fascinante du cercle d’ordures le plus fermé au monde. Tous ses membres étaient des banquiers respectés, des avocats très cotés, des agents de change prospères. Tous sans exception jouissaient de la confiance absolue de leurs clients.

Est-ce que c’est ça, Green Band ? se demandait Carroll. Est-ce que Green Band serait un puissant cartel regroupant les banquiers et les hommes d’affaires les plus riches de la planète ?

Quand Hotchkiss eut fini, Carroll fit signe aux deux agents fédéraux qui patientaient à la table d’angle.

— Vous pouvez arrêter cet individu, maintenant… Ah oui, Freddie ! C’était un mensonge, évidemment, quand j’ai dit que vous seriez libre de partir… Demandez donc à votre avocat d’appeler le mien demain matin. Ciao !

Mike Caruso attendait son chef devant le restaurant. Tel un amoureux de l’été n’épousant jamais la cause de l’hiver, le second de Carroll portait une chemisette aux couleurs criardes sous son pardessus.

Lorsque Carroll sortit en compagnie de Caitlin, Caruso lui signifia qu’il voulait lui parler en aparté. Les deux hommes s’isolèrent sur le bord du trottoir.

— Je viens d’avoir des nouvelles de notre amie Isabella Marqueza, annonça Caruso. Elle a été assassinée chez Bergdorf’s. Une balle de petit calibre.

Carroll regarda furtivement Caitlin, qui l’attendait à quelques mètres de là. Vision exquise dans la grisaille d’une ville en hiver. Il s’efforça d’imaginer Isabella Marqueza morte.

— On lui a tiré dessus à bout portant, ajouta Caruso avec la désinvolture de ceux qui sont immunisés contre les meurtres. Ça a fait flipper tous les gens qui faisaient leurs courses de Noël, tu imagines !

— Voyez-vous ça… (Carroll garda le silence pendant quelques secondes.) Quelqu’un a jugé qu’elle parlait trop. Quelqu’un qui la surveillait manifestement de près.

Caruso acquiesça d’un signe de tête.

— Quelqu’un qui connaissait ses faits et gestes. Ou les tiens, Arch.

Une bourrasque de vent sillonna la 46e Rue Est, éparpillant des journaux sur son passage. Carroll fourra les mains dans les poches de son manteau et fixa la ville maussade et froide autour de lui. Cette enquête lui plaisait de moins en moins.

Finalement, montrant l’entrée de Christ Cella derrière eux, il dit à Caruso :

— Chouette resto, Mickey. Penses-y, la prochaine fois que t’auras envie de claquer deux cents dollars pour déjeuner.

Caruso hocha la tête puis rentra un pan de sa chemise à fleurs dans son pantalon.

— Je me suis déjà envoyé un hot dog.

Vendredi Noir
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